Dans un futur qu'on devine rapproché, mais qui n'est jamais situé précisément dans le temps, la Cité est à feu et à sang. Les pauvres se terrent dans des immeubles abandonnés, des vestiges souterrains et autres ghettos dans lesquels les puissants les traquent. Le Sénateur, dictateur qui règne sur la Cité et ordonne à ses hommes d'abattre tous ceux qui contreviennent à ses ordres, affronte l'Homme-Rat, prophète qui annonce la destruction de la ville par le feu. C'est dans cet univers sombre qu'on suit le récit de Ian, jeune homme qui vient de perdre sa soeur Anna et tente de survivre à cet énième deuil, et Kristel, jeune femme qui travaille au dispensaire et qui s'est donné pour mission de venir en aide aux laissés pour compte de la Cité. À travers l'escalade de violence entre l'Homme-Rat et le Sénateur, Ian, Kristel et ceux qui les accompagnent tenteront de sauver la Cité et ses citoyens.
Je voulais vraiment aimer ce roman et il avait tout pour que je l'aime au départ. J'adore les romans d'anticipation et j'aime tout particulièrement les dystopies, genre qui nous amène souvent à réfléchir aux dérives actuelles et potentielles du monde dans lequel nous vivons. Malheureusement,
Feu m'a déçue pour plusieurs raisons. D'abord, j'ai trouvé très difficile d'entrer dans le roman. Je dirais même que je n'y suis jamais entrée pleinement. Les chapitres du roman sont très courts : deux pages, parfois trois. Cette brièveté pourrait passer si l'écriture était particulièrement forte et le récit très condensé, mais ce n'est pas le cas. On a donc l'impression de lire un roman très saccadé, un récit qui s'interrompt chaque fois qu'il commence à décoller.
J'ai aussi eu beaucoup de mal à cerner les personnages et à m'identifier à eux. Le personnage principal, Ian, vit un deuil éprouvant, mais ce sentiment est évoqué d'une façon plutôt froide. Tout au long du roman, j'ai eu l'impression que l'auteur ne faisait qu'effleurer les sentiments et les pensées des personnages, s'attardant plutôt à décrire une suite d'actions dont le sens nous échappe parfois. Pour vraiment apprécier un roman, j'ai besoin de ressentir quelque chose face au personnage, si ce n'est de l'attachement, au moins de l'agacement, mais ici, j'étais complètement indifférente. Même la mort d'un personnage important n'a suscité aucune émotion chez moi, ce qui n'est pas peu dire. L'histoire d'amour entre Ian et Zoé est aussi abordée de façon tellement superficielle qu'on n'y croit pas.
J'ai aussi été agacée par le fait que l'auteur n'offre aucune forme d'explication sur ce qui a mené à la déchéance de la Cité. On ne sait pas qui est le Sénateur, comment il est arrivé là, à quoi il ressemble, quelles sont ses motivations, rien du tout. Il en va de même pour l'autre "méchant", l'Homme-Rat, dont on ignore à peu près tout. En fait, j'ai eu l'impression que tous les personnages du roman n'étaient que des prétextes à illustrer un futur bien noir, un univers de sang, de feu et de cendres. Ils n'ont aucune profondeur et on ne sait rien d'eux, donc leur destin en vient à nous indifférer complètement. Ils ne dépassent jamais le statut d'êtres de papier, du papier bien mince de surcroît.
Bref, j'aurais voulu plonger dans l'univers de ce roman, mais j'ai eu l'impression de nager à la surface de l'idée d'un auteur qui n'a malheureusement pas réussi à me la transmettre. Je comptais les pages avant de terminer le roman et avais seulement hâte de quitter cette Cité froide et morte.
Si vous voulez lire un bon roman d'anticipation québécois, je vous suggère plutôt de lire
La lettre F de Jean-François Somain, roman drôle et déroutant qui vous fera réfléchir et vous gardera en haleine.
Madame Isabelle :)